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Comment faire quand je me sens illégitime en tant qu’artiste peintre ?

Se sentir illégitime en tant qu’artiste peintre est une expérience courante. Anthropologue de formation, l’Homme a toujours été au cœur des préoccupations et des questionnements de l’artiste peintre Marlène Diard. L’expression, la matière et la dualité permanente de l’être humain sont au cœur de sa recherche artistique.

Je vous partage sur le blog amylee.fr ses réflexions sur le sujet.

Le syndrome de l’imposteur et l’artiste peintre

Dans le métier d’artiste, nombreuses sont les batailles à mener. Entre les batailles administratives et les batailles avec le milieu de l’art en général, il y a celle, permanente, avec soi.

Il y a plusieurs équipes chez les artistes : ceux qui ont fait le parcours tout beau, tout parfait dans les règles de l’art et ceux qui ont un parcours un peu bordélique, qui se sont un peu paumés sur le chemin, ont commandé un kebab au lieu d’une glace pour finalement, quand même, arriver à destination.

Malheureusement, pour ceux dont le GPS a mis du temps à trouver la route, il y a toujours cette question de légitimité qui est présente.

Je fais partie de ceux là.

Artiste peintre diplômée ou autodidacte ?

Pourtant, je ne suis pas autodidacte, j’ai de nombreuses années d’apprentissage derrière moi que ce soit au conservatoire ou aux Beaux-Arts ou encore aux Etats-Unis.

Néanmoins, ma légitimité n’a jamais été assermentée par les autorités compétentes et j’ai longtemps cherché à prouver que oui oui, promis juré craché, j’ai bien appris à dessiner et peindre dans des institutions sérieuses.

Sacré syndrome de l’imposteur qui, par ailleurs, se décline partout avec brio. C’est difficile de s’en débarrasser de ce syndrome de l’imposteur. Il colle à la peau comme un chewing-gum sous une chaussure. Et surtout, ça rend boiteux.se, maladroit.e et incertain.e. On n’ose pas. La prise de risque est bien trop grande et surtout, on risque d’être démasqué.e.

D’autant plus que le monde artistique peut être parfois cruel, et nombreuses sont les fois où d’autres artistes plus aguerri.e.s – et qui ont le golden pass du parcours sans faute – se chargeront, sans vergogne,  de vous rappeler que votre légitimité est moindre par rapport à la vôtre.

Comment renforcer sa légitimité artistique ?

Que faire alors pour dorer ce blason perçu en carton pâte ?

Tout d’abord, il faut se poser un instant et réfléchir aux raisons qui nous poussent à être artiste.

Est-ce un besoin qu’on pourrait qualifier de vital et/ou la seule profession dans laquelle on peut s’épanouir en tant qu’individu ?

Ou est-ce juste un hobby qui nous détend ?

Déjà, si cette première question est résolue, un grand pas a été fait.

En revanche, il faut y répondre avec honnêteté parce que devenir artiste ou artrepreneur, c’est toute une histoire, un engagement et parfois un sacré bordel. Quand j’ai répondu à cette question en toute franchise, la première chose que j’ai fait pour m’acheter une légitimité intérieure a été de me déclarer auprès de la Maison des Artistes. Ce fut pour moi – mais aussi pour mon entourage – une étape importante.

Pour y entrer, il faut avoir vendu ?

Une vente déjà, ça c’est une jolie victoire ! La prochaine est aussi de se dire qu’être déclaré, c’est entrer dans le métier et donc, d’une certaine manière d’amener dans son atelier l’administratif  et toutes les emmerdes qui s’y attachent. On sort donc du métier imaginé et fantasmé pour entrer dans la dure – mais nécessaire – réalité professionnelle.

Passer cette étape, c’est ouvrir la porte vers la visibilité : montrer son travail.

J’étais terrorisée par cette étape. Les accrochages et les vernissages étaient une forme de torture très élaborée où je me liquéfiais à l’idée qu’on découvre que je n’avais rien à faire là et que j’avais arnaqué tout le monde par je-ne-sais-quel miracle.

Cette rencontre – terrifiante – avec le public est néanmoins nécessaire pour demander au syndrome de se faire la malle. Pour y entrer, il faut avoir vendu.

L’allié de la créativité artistique

Avoir un retour par des amateurs et aussi, pourquoi pas des professionnels (artistes, galeristes, etc.), permet d’avoir une idée assez générale de l’impact que notre travail à sur autrui. Nous ne sommes jamais à l’abri d’avoir des « c’est encore jeune » ou « le travail n’est pas encore abouti » mais n’est-ce pas une formidable autorisation pour aller plus encore loin dans la création ?

Néanmoins, se débarrasser du syndrome de l’imposteur n’est pas se débarrasser des doutes.

Je crois fermement que douter est un pouvoir magnifique quand on a un pinceau au bout des doigts.

Bon, soyons honnête, trop douter peut être handicapant. Mais avoir toujours une petite voix au fond de soi qui nous pousse à aller encore plus loin – ou même des fois à tenter de nouvelles choses – peut nous embarquer vers des contrées créatives incroyables. Sortir de sa zone de confort, c’est aussi partir à la rencontre de ce qui fait de nous des artistes.

Douter fait partie du métier

En revanche, il faut vite se débarrasser de ce fichu syndrome de l’imposteur.

Écoute cette petite voix en toi. Si elle te dit de foncer, alors fonce.

Je t’invite à supprimer les pensées parasites, parfois mesquines, parfois assassines et à donner un mégaphone à ton instinct. C’est le meilleur de tes alliés.

Et montre toi, sois visible, entends les conseils bienveillants et étouffe ceux qui cherchent à te déstabiliser. Il y a de la place pour tous, et le monde n’est jamais aussi beau que quand il est rempli d’art.

A propos de l’autrice de cet article : Marlène

Marlène Diard est artiste plasticienne, elle fait partie du Duo artistique Aartemis.

Fascinée par l’humain sous toutes ses coutures, elle met à nu le corps, le portrait et l’abstrait. L’émotion vécue par le modèle ou par l’artiste se doit de transparaitre à chaque instant, par la matière, la couleur, le coup de crayon. Anthropologue de formation, l’Homme a toujours été au cœur des préoccupations et des questionnements de Marlène. L’expression, la matière et la dualité permanente de l’être humain sont au cœur de sa recherche artistique.

Aartemis est composé de Marlène et Héloïse, deux femmes qui travaillent leurs œuvres à quatre mains. Les tableaux d’Aartemis invoquent une véritable essence du féminin et s’inspirent des émotions engendrées par le corps et la matière.

A suivre sur aartemis.fr 

 

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2 commentaires

  1. Trop de blabla.. Il faut ceci, il faut cela.. L’artiste n’a pas à avoir d’étiquettes, l’artiste est libre de toutes expressions ! J’estime que peu importante la “discipline choisit, car être artiste c’est faire ce que l’on veut, quand on veut et pas en fonction du goût d’autrui ! L’expression doit rester libre !! Tout comme la musique,, on aime ou pas ! Il faut arrêter de” vouloir “entrer dans des cases et garder l’esprit ouvert, laissons aux esprits” ETRIQUES” le: ah oui, ce n’est pas une œuvre datant de… Et l’artiste est méconnu ! Ce genre de mentalité…

  2. Merci pour cet article, bien écrit. Oui, il faut oser “être artiste”. Ce n’est pas toujours facile à assumer.
    J’adhère complètement avec la démarche et c’est vrai que la déclaration à la maison des artistes et les 1ères ventes permettent de légitimer son statut. Et puis, après, c’est un travail au long court, entre sa pratique et sa confiance en soi.

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