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Toute en délicatesse, la chronique de Saphia Wesphael, nous offre un pur moment à partager entre artistes, une pause significative pour ne pas s’oublier dans les tourments du quotidien.
“L’art, c’est le reflet que renvoie l’âme humaine éblouie de la splendeur du beau.”
Victor Hugo
En partant toujours d’une citation célèbre, Saphia Wesphael décline une jolie réflexion philosophique sur les rêves et sur la vie dans nos sociétés. Cette jeune liégeoise de 27 ans fait partie de l’équipe de LN24 pour participer, en tant que chroniqueuse philosophique, à l’émission du soir (du lundi au jeudi), qui invite à débattre des grands thèmes d’actualité. La jeune fille intervient en fin d’émission, pour son billet intitulé « Droit de Citer » et qui est diffusé en direct peu avant 23 heures.
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“Ce soir, c’est sur les mots de Victor Hugo que je vais ouvrir cette chronique.
Victor Hugo nous dit : “L’art, c’est le reflet que renvoie l’âme humaine éblouie de la splendeur du beau.”
Il me semble que cette pensée peut être appliquée à toutes les âmes : à celles des artistes, des acteurs culturels, des conteurs, qui insufflent du sens à notre quotidien mais aussi à celles des spectateurs, des lecteurs, des contemplateurs, qui s’en inspirent pour mieux guider leur destin.
Et c’est probablement de ce mouvement réciproque, de cette extraordinaire oscillation, que jaillit notre humanité commune.
Si notre monde ne se construit que de la collaboration, que d’un effort collectif d’enchantement, alors l’art et la culture en sont le ciment. Nous en priver ou les mettre de côté, ce n’est pas seulement nous retirer 5% de notre PIB, c’est surtout nous retirer qui sublime nos identités.
Alors, il est normal que ceux qui les portent, que ceux qui leur donnent chair, que ceux qui leur dédient leurs vies puissent descendre dans les rues pour revendiquer le droit à créer, à être estimés et protégés.
Mais est-il normal qu’ils doivent encore s’employer à convaincre de leur légitimité ?
Ne fait-il pas évidence que l’art est ultimement porteur d’espoir et que l’espoir est le moteur de tous les combats menés ?
Parce que si chaque chemin est merveilleusement singulier, l’art, lui est éblouissant d’universalité. Il est à tout le monde et il est pour tout le monde.
Ses œuvres sont aussi variées que ceux qui en eux-mêmes les font briller, et toutes, à leurs façons, ont le pouvoir de réinventer le temps, la temporalité.
A l’éveil du matin, quand la musique nous surprend et nous fait pour un instant oublier nos tourments, il arrive que plus rien d’autre n’existe que le présent.
Au crépuscule du soir, quand nos cœurs se remplissent de beauté dans un théâtre ou face aux artistes ambulants d’une rue bondée, il arrive que plus rien d’autre n’existe que le présent.
A ceux qui nous offrent ces moments suspendus, brillants et hors du temps, moi, je dis merci.
A ceux qui s’offrent au monde pour le rendre plus vivant, plus incarné et plus conscient, moi, je dis merci.
A ceux qui en créant, nous font vibrer, rire et pleurer, qui nous confèrent plus intensément le sentiment d’exister, moi, je dis merci.
Je dis merci, et surtout tenez bon parce que sans vous, nos cœurs ne peuvent plus voyager et nos âmes sont brouillées.
Espérons que le monde d’après, ce fameux monde d’après, aura les yeux grands ouverts sur le fait que la culture ne relève pas seulement du divertissement mais qu’elle nous donne aussi les clés pour arriver à nous mêmes plus authentiquement.
Et espérons que ceux qui ont les clés pour lui permettre de se déployer comme elle le mérite, le feront et les utiliseront à bon escient.
Peut-être que se faisant artistes, ils feront la prouesse de faire naître une pièce où personne ne sera oublié et à laquelle on aura tous envie d’assister.
Parce que, qu’on se le dise, la culture n’est pas seulement un secteur de la démocratie, elle est sa condition de possibilité et ce qui lui permet contre vents et marées, de continuer à exister.
Sophia Wesphael, Droit de citer, Septembre 2020
@Evalhyn : et en plus j’adore sa voix !
Un très bel éloge de l’art et de la culture en général, sensible et délicat, à écouter et re-écouter. Merci Amylee de le partager ici.