Vous êtes artiste et souhaitez encadrer vos aquarelles, pastels ou dessins, mais vous hésitez sur le choix du passe-partout ?
- Vous vous demandez quelle couleur choisir ?
- Comment le découper ou encore pourquoi il est si important dans l’encadrement ?
Pas de panique ! Cet article vous guide à travers les fondamentaux du passe-partout : son rôle, ses avantages et les techniques pour encadrer soi-même.
Après cette lecture, vous serez incollable (je l’espère) et pourrez faire les bons choix sans confusion.
Que vous cherchiez à valoriser votre œuvre, la protéger du contact du verre ou lui donner un aspect plus professionnel, le passe-partout est un allié incontournable en encadrement.

Passe-partout : définition et utilisations pour artistes
Il était une fois les origines du passe-partout
L’histoire commence au XVIIe siècle, on utilise alors des bordures en papier ou en tissu pour protéger et mettre en valeur les dessins et les gravures. Mais c’est au XVIIIe siècle qu’apparaissent les premiers passe-partout en papier épais, souvent décorés à la main avec des motifs dorés ou colorés.
Avec la démocratisation de l’art et la production en série d’estampes et de lithographies au XIXe siècle, le passe-partout devient un élément standard de l’encadrement.
Son usage devient quasi systématique pour les photographies, les aquarelles et les impressions surtout dans les musées et galeries d’art au XXe siècle.
Définition du passe-partout
Tranche plate ou biseautée, de couleur blanche ou coloré, le passe partout est un carton découpé avec une ouverture centrale rectangulaire (la fenêtre) qui laisse découvrir l’œuvre. La forme ovale en son centre est utilisée davantage pour les photographies.
Le passe-partout protège de l’humidité, de la condensation, de la poussière et de l’acidité du verre car son épaisseur permet à l’œuvre de ne pas toucher directement le verre ou le plastique de l’encadrement et aussi de l’embellir.
Comme son orthographe qui comporte un tiret entre passe et partout. Le passe-partout sépare l’image et le cadre en les unissant pour donner plus de clarté et attirer le regard vers le sujet.
Passe-partout à l’atelier
Les œuvres qui nécessitent un passe-partout :
✔ Aquarelle 🎨
L’aquarelle sur papier a besoin d’un espace pour éviter que l’humidité ne se condense sous le verre. Un passe-partout blanc cassé ou légèrement coloré peut subtilement mettre en valeur la transparence des pigments.
✔ Pastel 🖍
Très fragile, le pastel s’effrite et tombe au moindre choc. Le passe-partout a donc un rôle à jouer pour empêcher les particules de pastel de toucher le verre et de s’abîmer avec le temps.
Le passe-partout classique n’est pas adapté au pastel.
Les encadreurs ou les artistes pastellistes vous le diront, ils préfèrent utiliser des passe-partout à gorge qui possèdent une encoche située sous la fenêtre de découpe. Cette rigole permet de récupérer la poudre de pigments qui se détache, tombe avec le temps, et peut salir l’œuvre ou le verre.
✔ Dessin au crayon, fusain, encre ou sanguine ✏️
Ces techniques sur papier nécessitent une protection contre les frottements. Le passe-partout empêche le contact direct avec le verre et évite la formation d’humidité.
✔ Gravures, estampes et lithographies 🖨
Les gravures, estampes et lithographies sont souvent imprimées sur du papier fin, ces œuvres doivent être protégées pour éviter le jaunissement ou les plis.
✔ Photographies 📸
Un passe-partout est utilisé pour mettre en valeur une photo et créer un effet d’encadrement raffiné.
Différences entre le passe-partout et la marie-louise
On confond passe -partout et marie-louise pour utiliser l’un à la place de l’autre.
La marie-Louise est une moulure épaisse en bois ou un cadre intérieur placé entre l’œuvre et le cadre principal. Elle est souvent utilisée avec des peintures à l’huile ou les acryliques sur toiles, car ces œuvres ne sont généralement pas mises sous verre. La marie-louise ajoute une touche décorative et met en valeur tout en donnant plus de profondeur.
Passe-partout noir à âme blanche
Comment choisir un passe-partout ?
- Approche classique : harmonisation avec l’œuvre
- Utilisation d’une couleur neutre
Blanc cassé, beige ou gris clair sont des valeurs sûres qui s’adaptent à presque toutes les œuvres.
- Reprise de la couleur dominante de la composition
Choisir une teinte déjà présente dans l’œuvre permet d’assurer une cohérence visuelle.
- Mise en contraste
Un passe-partout plus foncé met en avant des œuvres lumineuses, tandis qu’un carton clair rehausse les œuvres sombres.
Il existe des passe-partout prêts à l’emploi, disponibles en plusieurs coloris et formats, proposés dans des grammages qui vont de 960 g/m² à 1440 g/m².
Pour optimiser vos choix, je recommande le carton grain blanc, qualité musée, surface vergée (Ingres), sans acide.
-
Test avec des échantillons de passe-partout
Placer plusieurs échantillons autour de l’œuvre et observer sous différentes lumières (naturelle, artificielle).
Tester des tons chauds ou froids pour voir ceux qui s’accordent le mieux avec les couleurs de l’œuvre.
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Utiliser la méthode du “duo de passe-partout”
Associer un passe-partout principal avec un filet de couleur contrastante en dessous pour souligner l’œuvre avec élégance.
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Prendre en compte l’environnement et le cadre
La couleur du passe-partout peut aussi s’harmoniser avec le cadre, le mur et le lieu où l’œuvre sera exposée.
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Méthode numérique (pour les œuvres numériques ou photos)
Prendre une photo de l’œuvre et utiliser un logiciel (Photoshop, Canva, ou des simulateurs d’encadrement en ligne) pour tester différentes couleurs de passe-partout avant d’acheter.
Comment choisir un passe-partout ?
Le passe-partout disponible en boutique
- passe-partout duo
- Passe-partout âme* noire
- Des contrecollés pour passe-partout
Il est peu évident d’évaluer les teintes d’un passe-partout sur l’écran d’un ordinateur. C’est pourquoi des carnets d’échantillons sont disponibles chez votre encadreur préféré ou dans votre magasin de matériel pour beaux-arts comme Le Géant Des Beaux-Arts.
BON A SAVOIR
*L’âme d’un passe-partout est la couche intérieure du carton, visible sur le bord biseauté de la découpe. L’âme influence l’apparence du passe-partout. Âme blanche, discrète et classique, pour un effet lumineux – Âme noire, contraste fort et moderne – Âme colorée pour une touche originale qui renforcer l’harmonie des teintes de la composition.
Ordre des éléments dans l’encadrement
De l’avant à l’arrière, voici comment placer vos couches pour réussir votre sandwich d’encadrement !
- Le verre
- Le passe-partout
- L’œuvre
- Le contrecollé *
- Le fond du cadre en bois ou en carton qui ferme l’ensemble
BON A SAVOIR
*Le contrecollé se place derrière l’œuvre et avant le fond rigide du cadre. Il Évite ainsi le contact direct avec le fond de l’encadrement, qui peut être acide. Il stabilise l’œuvre pour qu’elle reste bien en place et préserve sa planéité pour que l’œuvre ne gondole pas avec le temps.
S’installer sur un tapis de coupe pour protéger la surface de travail
Matériel à rassembler pour créer son passe-partout
- 1 crayon et 1 gomme douce
- 1 carton de passe-partout
- 1 cutter manuel (système de découpe ou système plus compact pour celles et ceux qui veulent se lancer dans le passe-partout régulièrement
- 1 règle acier et 1 équerre ou Té en aluminium
- 1 tapis de découpe
- 1 rouleau adhésif de conservation (ph neutre, et sans acide)
- Optionnel : lime à ongle ou papier à poncer grain ultra fin.
Choisir un crayon à papier et une gomme pour tracer les repères, puis un carton de qualité sans acide pour éviter la détérioration de l’œuvre. L’épaisseur classique du carton varie de 1,25 mm à 3 mm.
Prendre ensuite un cutter de précision ou un coupe-biseau. Un cutter standard peut suffire, mais un couteau à biseau ou une tête de découpe permet une coupe inclinée bien plus professionnelle.
Utiliser une règle métallique et une équerre pour guider la coupe, assurer des lignes droites et vérifier les angles droits.
S’installer sur un tapis de coupe pour protéger la surface de travail et éviter d’émousser la lame car une lame qui accroche et le passe-partout sera tout déformé.
Pour organiser mes passe-partout, j’utilise un classeur d’archives
Pour organiser mes passe-partout, j’utilise un classeur d’archives
Étapes de fabrication
- Mesurer l’œuvre et déterminer la taille extérieure du passe-partout en fonction du cadre.
- Mesurer ensuite la fenêtre intérieure (elle doit être 2 à 5 mm plus petite que l’œuvre pour éviter qu’elle ne glisse).
- Pour tracer les repères, la méthode est de retourner le carton et de dessiner au crayon la fenêtre à découper.
- Vérifier que les marges restent équilibrées (les côtés ne doivent pas être trop fins).
- Découper ensuite la fenêtre centrale avec un cutter, couper lentement en appuyant fermement sur la règle.
- Avec le coupe-biseau, l’usage est d’incliner la lame à 45° pour un effet net et esthétique. Un coup de main est à prendre. Mieux vaut avant s’entrainer sur un échantillon de carton pour entrainer son geste.
- Vérifier et ajuster en plaçant l’œuvre sous le passe-partout pour voir si les dimensions sont bonnes.
Etape optionnelle : vous pouvez lisser les bords si nécessaire avec une lime ou du papier de verre très fin.
Pour terminer l’encadrement, vous allez fixer l’œuvre derrière le passe-partout avec du ruban adhésif de conservation (éviter le scotch classique qui jaunit).
Comment ranger son stock de passe-partout ?
Pour organiser mes passe-partout, plusieurs options s’offrent à moi :
- une boîte plate de conservation,
- des pochettes plastiques transparentes individuelles,
- ou encore le book Artsafe au format A3+ (voir photo plus haut)
Les pochettes reliées permettent de stocker tous les passe-partout au même endroit, et offrent la possibilité de feuilleter les pages sans les salir. A l’atelier, le book artsafe s’avère plus pratique que les pochettes individuelles.