Aujourd’hui, je laisse mon clavier à Almakan. Une artiste découverte il y a plusieurs mois sur YouTube. En plus de manier les pinceaux, elle manie superbement la plume. Je me devais de vous partager cette invitée d’exception #guestblog. C’est à toi Almakan !
Merci Amylee. Je ne croyais pas écrire ce genre d’article un jour et pourtant…
Que peut-il y avoir de commun entre un/e artiste et un/e dirigeant/e d’entreprise ?
Entre un/e manager, un/e leader politique même et un/e artiste ?
Je suis presque sûre que vous penserez : rien !
C’est vrai après tout, vous, l’artiste… cet extra-terrestre que la société marginalise autant qu’elle l’admire, ce « sans-le-sou » des temps modernes, qu’auriez-vous donc de commun avec ces monstres de rationalité à l’aise avec l’argent et le pouvoir ?
Suspense…
Eh bien vous serez surpris d’imaginer à quel point nous sommes semblables !
Pour tout vous dire, j’ai vécu cela de l’intérieur.
Artiste ET Entrepreneur : les deux faces d’une même pièce
Aujourd’hui, je suis artiste peintre et auteure à « plus-que-plein-temps ».
Mais avant cela, j’ai été dirigeante d’entreprises pendant près de 20 ans.
J’ai côtoyé et travaillé avec des centaines d’autres dirigeants d’entreprises, leaders politiques, entrepreneurs ou intrapreneurs… et vous savez quoi ?
Nous vivons les mêmes défis, avons les mêmes espérances avec… un petit quelque chose en plus.
Vous vous dites probablement : « c’est facile pour elle de réussir en tant qu’artiste avec son background ? »
Baaaaahhhhh non ! Cependant, ayant expérimenté les deux faces de la pièce, j’en ai tiré quelques leçons (parfois cuisantes) que je souhaiterais vous partager ; car s’il y a une évidence qui m’a frappée tout au long de mon parcours, c’est bien que le vrai pouvoir n’est pas toujours là où on croit.
Barcelona, invasion biomimétique [Collection «Biomimétisme»] ©Almakan
Votre graine d’entrepreneur est déjà là !
Si l’art reste un loisir pour vous et que vous vous épanouissez dans votre travail actuel, peut-être ne serez vous pas concerné/e par mes propos ; si à l’inverse, vous aspirez à vivre pleinement votre art tout en vivant dignement de celui-ci, alors il est temps de faire pousser votre graine d’entrepreneur et de vous rendre à l’évidence :
‘‘ Nous souhaitons tous devenir des artistes performants, inspirants et reconnus dans notre ville, notre pays ou le monde, au même titre que n’importe quel leader.
Je crois en mon pouvoir, et vous ?
Cependant, en tant qu’artiste, on nous a tellement martelé que nous étions des rêveurs inutiles, des fainéants ou des parias de la société, qu’on a fini par le croire.
Je me rends compte avec violence parfois de la place de l’artiste, notamment lorsque je côtoie mes anciens collègues, toujours dirigeants d’entreprises, qui me lancent en souriant :
« Toi tu es cool maintenant, tu as du temps » ;
« Rêver est un luxe, nous on est dans le concret avec des tas d’obligations que tu n’as pas »
« Artiste, c’est pas un métier », etc. La liste est longue.
Manifestement, le seul fait de changer de statut nous fait dégringoler tout en bas de l’échelle sociale… Pourtant, je suis toujours la même et des obligations juridiques, sociales, fiscales, de marché, j’en ai tout autant que lorsque je dirigeais mon entreprise « non-artistique ».
Mais vous savez quoi ?
‘‘ Peu m’importe le regard des autres, ce ne sont pas leurs croyances qui vont me définir !
C’est vrai, si j’ai été un « bon » chef d’entreprise, c’est que probablement, je ne m’étais pas emmurée dans l’abnégation de mes émotions et que j’ai su faire preuve d’empathie. L’empathie et l’intelligence émotionnelle, voilà deux qualités essentielles à n’importe quel leader ! Tout simplement parce qu’elles nous permettent de mieux communiquer et de mieux « connecter » avec notre public, sans jugement ni pseudo syndrome de l’imposteur. L’artiste possède déjà cela en lui de manière presqu’innée tandis que l’entrepreneur doit souvent désapprendre pour se reconnecter à soi et aux autres.
Être et durer
Et puis, dites-vous bien une chose : des milliers de métiers ont disparu au travers des siècles et des millions disparaîtront encore dans les 50 prochaines années du fait du développement des technosciences.
Vous savez quelle est la bonne nouvelle ?
‘‘ L’artiste, lui, a toujours été là. Il a traversé les siècles, depuis les grottes de Lascaux jusqu’aux arts futuristes de Singapour !
Alors croyez en votre pouvoir. Faites en sorte qu’il soit authentique et inaltérable, travaillez votre supplément d’âme ou vous ne pourrez donner le change face Ai-Da Lovelace, le premier robot humanoïde artiste dont les œuvres s’arrachent déjà !
Communiquer avec cohérence
Et pour cause ! Communiquer est certainement la tâche la plus importante qu’ait à réaliser l’artiste d’aujourd’hui.
Pourquoi ?
Parce que dans une économie mondialisée, il nous faut redoubler d’efforts pour être visible. Par dessus tout, nous ne répondons pas strictement à un besoin. Dans le cas d’une entreprise lambda, lorsqu’elle vend un produit ou un service, ce dernier est identifiable, il répond à un besoin précis, une cible clientèle, une zone de chalandises même. Tout est plus simple. En tant qu’artiste, rendre visible « son produit » est un véritable défi !
‘‘ Chaque toile, c’est comme mettre sur le marché une innovation qui, en plus, n’a qu’un seul client !
Si toutes les entreprises étaient confrontées à ce défi, le marché serait très différent. Particulièrement dans sa façon de communiquer. Il existe aujourd’hui des centaines de façon de communiquer pour un artiste, mais je ne vais pas les énumérer ici.
Pourquoi ?
Parce que communiquer son art, ce n’est pas comme poster un chat sur Facebook ou Instagram pour occuper l’espace ! Cela demande avant tout chose de se préparer et d’être congruent avec son message, parce que le produit, c’est d’abord vous. Un artiste authentique et cohérent aura toujours plus d’impact qu’un artiste hésitant ou incertain.
Achèteriez-vous un produit dont ni le patron ni le vendeur ne sont convaincus ? Je suppose que non.
Accorder son instrument humain
Alors la cohérence c’est quoi au juste ?
C’est…
- Savoir qui on est et être en capacité de se présenter simplement : qui je suis aujourd’hui ? Qui je veux être dans ma ville, mon pays, le monde ? Qu’est-ce qui me caractérise ? Me différencie ?…
- Formaliser sa démarche artistique et ce que l’on recherche ou souhaite transmettre à travers son art : Pourquoi je crée ? Pour une quête personnelle ? Pour aider autrui ? Quelles valeurs m’animent ?
- Définir avec qui on a envie de travailler dès maintenant, parce qu’à vouloir vendre tout à tout le monde, on ne vend rien du tout ! N’importe quelle entreprise sait cela. Néanmoins, à fréquenter d’autres artistes, j’ai parfois l’impression que cet état de fait à du mal à faire sa place (qui plus est, cette étape est d’autant plus cruciale que l’entreprise artistique ne vend pas des tournevis !). Avec qui ai-je envie de travailler ? Avec quels partenaires je me sens en phase ? Où est-ce je désire exposer mon art ? Avec quels réseaux de presse, TV ou web ai-je envie de travailler ? Quels évènements locaux, nationaux ou internationaux sont une opportunité pour mon message artistique ?…
Toute entreprise se pose au minimum ces questions. Nous pourrions aller encore plus loin dans la démarche, mais à ce stade, ce qu’il est important de réaliser c’est que le talent, le charisme ou la loi du nombre n’a aucun effet si l’on n’est pas focalisé d’abord sur la valeur. Sa valeur d’abord, puis la valeur ajoutée à apporter aux autres, aux clients, aux partenaires ou à un projet plus grand que soi.
‘‘ Quel que soit son art, être un leader, c’est simplement être reconnu pour qui on est, pour ce que l’on accomplit et être payé pour cela.
Peu importe l’échelle. C’est d’abord écouter et entendre sa musique intérieure, aligner ce que l’on a à dire avec le ton de notre voix et nos actes, comme un musicien accorderait son instrument avant de jouer son morceau. Comment inspirer les gens, être légitime, visible et acquérir une notoriété si nous paraissons désincarné et si notre « instrument humain » est mal accordé ?
Œuvrer dans la transdisciplinarité
Vous allez me rétorquer peut-être : « oui, mais alors on ne peint plus si on ne fait que du marketing ! ». L’artiste doit souvent se présenter et œuvrer seul et connaît cette même « solitude du dirigeant » qu’expérimentent tous les entrepreneurs.
Croyez-vous que le dirigeant de la petite entreprise du coin se pose la question de « vendre ou produire, il faut choisir » ? Non. De fait, il sera transdisciplinaire. Il fera tout pour vendre son produit. De la paperasse administrative et comptable, en passant par la production, la présentation, la publicité, la formation, le développement commercial, les relations partenariales et de réseaux, etc.
‘‘ Faire du marketing, ce n’est pas vendre son âme au diable. C’est juste mettre en musique notre plus belle partition.
Et quand la musique trouve son public, alors c’est qu’il est peut-être temps de déléguer certaines tâches pour se concentrer sur le cœur.
Faire de la rigueur et de la persévérance des alliées
Être artiste professionnel/le, c’est donc —presque— une entreprise comme les autres !
Une entreprise qui demande à la fois lâcher-prise et rigueur.
Plus je côtoie d’autres artistes et plus je me rends compte que faire de l’art est parfois un prétexte tout trouvé pour justifier sa désorganisation ou son absence de rigueur. Moi-même, lorsque j’ai fait mon « coming out artistique » et que j’ai décidé de peindre et d’écrire pour le restant de mes jours, je me suis dit intérieurement :
« ouf ! Lâchons du leste ! Maintenant je suis artiste, je n’ai plus la pression du client, je peux être plus cool parce que les gens m’apprécieront pour ma sensibilité et non pas pour ma rigueur ; je ne suis pas obligée de tout bien faire… ».
Quelle erreur ! J’avais oublié ce qui m’avait faite et suis devenue la propre victime de la caricature de l’artiste que me renvoyait mon entourage ! Je ne suis pas une artiste, je suis juste peintre et tout juste auteure, tout comme le terme de « directeur / trice » ne fait pas forcément de vous un bon leader. Ce qui compte c’est d’avancer, tomber et se relever (à l’infini), apprendre, évoluer.
‘‘ Être artiste est un des rares métiers où le maître et l’apprenti sont dans le même individu.
Sous cette étiquette d’artiste, on pense pouvoir faire n’importe quoi tout en étant excusable pour tout ; et j’ai d’ailleurs pu observé que cela concernait particulièrement les peintres.
Un écrivain s’astreint à des horaires fixes et réguliers d’écriture avant de livrer un manuscrit ; un musicien devra maîtriser une partition, répéter sans cesse, y compris en groupe pour jouer en harmonie ; un réalisateur devra être bon en technique tout en gérant des personnalités complexes pour mener à bien son film, etc. Il est évident que tous ont mis une grande rigueur, doublée d’une persévérance à toute épreuve au service de la créativité.
Pourquoi n’en serait-il pas de même pour les autres artistes ?
Quelle que soit l’entreprise,
‘‘ la rigueur et la persévérance n’ont pour autre but que de magnifier la créativité et donner la pleine puissance à son art.
J’ai appris à ne jamais sous-estimer la force de la répétition, même à pas de fourmi. C’est là une des clés de la réussite.
Réveiller le Génie de la lampe !
Aussi, peu importe son activité, car vivre de son art tout comme vivre son art, exige de développer des compétences et un savoir-être qui vont bien au-delà de la direction classique des affaires. Vous n’êtes donc pas un simple artiste ou même un solopreneur, vous êtes un extraordinaire entrepreneur, VOUS ETES UN EXTRAPRENEUR ! … De l’art et la manière du bon dosage entre inspiration, génie créatif, vision, organisation, ouverture aux autres, rigueur et persévérance… parce que créer, c’est d’abord servir.
En connectant les mondes de l’art et de l’entrepreneuriat, probablement pourrons-nous apporter des réponses plus adéquates aux défis du 21è siècle et donner sa pleine place à la création sous toutes ses formes. Cela vaut aussi bien pour l’artiste que pour le dirigeant éclairé, car à vouloir séparer les choses comme des rats de laboratoire dans un labyrinthe, le Génie de la lampe s’éteint… L’évolution, au sens large, est extraordinairement complexe, écosystémique et subtile. L’enfermer dans une seule case, c’est l’anéantir. Nous sommes tout à la fois, et tant mieux !
Devenons des cocréateurs et réveillons le Génie !
Almakan, Arts d’anticipation
Chaine YouTube ‘Almakan & la ligue des visionnaires’
Site web Almakan.art – Instagram – Facebook – LinkedIn
Superbe analyse qui nous fait avancer toujours plus. Merci pour la découverte de l’univers d’Almakan.
Wow !!! Ça décoiffe comme un bon coup de Mistral, ça réchauffe comme le soleil du midi …. Ça aligne comme un rayon laser … Ça fait beaucoup de bien 😉 Merci Almakan et Amylee …
Je n’ai pas de mots pour exprimer le bonheur que je ressens en lisant cet article et en découvrant le travail de cette artiste !
Bravo, c’est absolument ça !
Merci encore Amylee pour ton partage , c’est magique
Vraiment super cet article ! C’est hyper valorisant d’aborder ce sujet sous cet angle. Trop de personnes n’ont pas conscience du travail que cela représente d’essayer de se faire connaître, reconnaître à sa juste valeur. Merci en tout cas pour le partage 😉
Merci pour vos commentaires et merci Amylee pour ta confiance ! C’est extra ! 😉 C’est top si cela motive Jimmy et merci pour votre message Elize 🙂
@Elize, Jimmy P, Almakan : Merci à vous 3. Des bises !!! :*
super discours très motivant !
Merci pour tous ces éléments. Belle découverte de Almakan. Et surtout joli terme que les extrapreneurs 😉