“Rien n’est plus contagieux que l’exemple“, disait La Rochefoucauld. Les enfants imitent leurs parents pour apprendre et s’améliorer. C’est complétement naturel, parce que l’imitation est le meilleur moyen d’apprendre quand l’on débute.
Dans la pratique d’un art, c’est exactement pareil… sauf qu’il y a certaines limites à ne pas franchir dans l’imitation !
L’artiste et Internet
Je suis artiste peintre. Je communique sur mon art via les médias sociaux. Si je ne le fais pas, je perds toute visibilité.
En partageant mes tableaux sur le web, je suis confrontée à l’utilisation des images de mes œuvres. Dans le meilleur des cas, les personnes me contactent (selon la situation, je permets ou non). Dans le pire des cas, je découvre des copies qui circulent au détour d’un clic ou d’une page. Mettez-vous à ma place, que feriez-vous ?
Copie | 2 actes, 2 conséquences
Entendons-nous bien, par copie, je parle de reproduction exacte d’une œuvre. Les couleurs, le placement des motifs et l’allure des personnages sont respectés à l’identique, rien n’est inchangé dans la composition, ni dans la structure de l’œuvre, rien n’est transformé.
- A l’origine, la copie est un exercice d’apprentissage, une étude préparatoire, une épreuve de travail, une reproduction expérimentale, un essai technique. L’œuvre reste donc dans les tiroirs et les archives de l’artiste sans but de commercialisation. La copie d’une œuvre existante, d’un visuel à reproduire permet d’absorber de nouvelles connaissances et d’appréhender de nouvelles techniques, c’est bon pour le coup de crayon et la maîtrise.
- La copie peut être assimilée à du plagiat si elle est diffusée publiquement ou utilisée à des fins commerciales. La situation peut vite dégénérer surtout avec les ayants droits de l’artiste ou avec l’artiste concerné si ce dernier est toujours vivant.
Le manque d’informations et les bonnes pratiques
Les personnes exerçant une pratique artistique sont très mal informées dans l’utilisation d’une copie. Une copie dans le sens “approfondissement d’une pratique” n’a pas besoin d’être montrée au grand jour, c’est seulement un entrainement créatif.
Sauf que lorsque l’on prend la liberté de la diffuser sur les réseaux sociaux et ailleurs, la copie peut provoquer des opportunités, parfois des ventes mais surtout des dégâts.
Même si au début ce n’est pas un fait exprès, l’appât du gain et la recherche de reconnaissance peuvent pousser des esprits mal informés à recommencer, pensant que personne n’en saura rien.
Le petit monde d’Internet
Internet n’est pas si grand que ça, et tout se découvre à un moment donné ou à un autre. Tout est une question de temps sur le web.
Du fait de sa communication en ligne, l’artiste copié est doté d’une armée de yeux très active qui travaille pour lui sans effort et de tous côtés. L’information circule ainsi très vite grâce à la communauté d’un artiste…
Les notions de propriété intellectuelle et de droits d’auteur sont donc à connaître et évitent bien des tracas.
De la copie au plagiat
Les risques de plagiat ne sont pas assez diffusés dans les ateliers et les classes d’Arts Plastiques. Des gestes simples peuvent pourtant être mis en place par les enseignants et leurs élèves, il faut juste que l’information circule dans le bon sens afin de créer des automatismes et des réflexes.
Voici 10 gestes à appliquer dans les écoles d’art, les ateliers, les cours collectifs et à la maison. Les bons gestes passent par l’éducation !
“L’éducation, c’est la boussole de la vie !”
Écoles & ateliers | un rôle exemplaire à tenir
À l’heure des réseaux sociaux, l’éducation est devenue une priorité. Les images qui circulent sur Internet sont très tentantes à reproduire, et deviennent même dans certains cas, la solution facile pour les pannes d’imagination. Mais voilà, tout ce qui est en ligne a forcément été créé par quelqu’un.
Les écoles d’art, les ateliers et surtout leurs enseignants jouent un rôle déterminant dans l’utilisation des images sur Internet.
Il est important, voire urgent d’accompagner les artistes étudiants, les apprentis, les débutants, les autodidactes, à comprendre les enjeux qu’engagent une œuvre lorsque celle-ci est reproduite à l’identique et qu’elle sort du cadre privé.
Un enseignant incarne dans ses comportements quotidiens les valeurs et les qualités auxquelles il tient. A travers son enseignement, il amène ses élèves à les reproduire. Il les inscrit dans une perspective d’amélioration continue et d’un mieux vivre ensemble :
- Identifier les qualités importantes qu’un artiste aspirant doit développer dans le milieu de l’art : le sens des responsabilités, l’honnêteté, le respect de l’autre et du travail d’autrui, la coopération, la confiance mutuelle pour l’amour de l’art et la solidarité entre artistes.
- Les enfants, les adolescents, les adultes, tous les apprentis artistes doivent être sensibilisés à la copie et à leur responsabilité dès le début de leurs pratiques artistiques. Il est nécessaire de mettre en pratique les règles en vigueur qui existent face au plagiat dès leurs premiers travaux ou études réalisés repris d’une œuvre existante.
- Être clair et transparent sur les conséquences d’une création copiée. Expliquez en quoi il est important d’être vigilant, donnez des exemples concrets. Exprimez précisément les tenants et les aboutissants.
- Montrer l’exemple à travers des comportements à suivre. Le modelage est la principale forme d’apprentissage social par lequel une personne apprend à reproduire un comportement montré par un modèle.
- Encourager vos élèves à appliquer les bons gestes responsables face à leurs copies, peu importe qu’elles soient sur un support papier, sur un panneau de bois, une toile, une plaque de métal, ou un bloc d’argile.
- La copie reste privée : une création copiée même sous forme d’étude n’est pas exempt de droits d’auteur. Elle ne peut pas sortir du cadre privé. Les expositions, les réseaux sociaux sont des espaces publics, sachez faire la différence.
- Les copies sans le consentement de l’artiste créateur ne peuvent être vendues : pour prouver votre bonne foi, ajoutez une petite mention manuscrite à l’encre indélébile “œuvre copiée, cette création ne peut être vendue“, vous éviterez ainsi toutes complications futures même si l’œuvre n’est plus en votre possession parce que vous l’avez donnée à un proche.
- Mentionner toujours la source au dos de l’œuvre : sensibilisez vos élèves à des gestes responsables et respectueux. En ajoutant le nom de l’artiste créateur au dos de l’œuvre, vous rendez le plus beau des hommages à l’artiste, même si l’œuvre reste exposée à la maison. Citer directement les sources à l’arrière de la copie permet à chaque créateur de rester propriétaire de son œuvre.
- Vous organisez une exposition de groupe ? N’oubliez pas d’indiquer sur les cartels, à côté des copies de vos élèves que la création est une copie d’une œuvre d’artiste, et qu’elle ne peut être vendue.
- L’inspiration est plus riche quand elle est multiple. Si vous êtes enseignant ou formateur, montrez le bon exemple auprès des personnes que vous accompagnez. Expliquez que pour éviter le plagiat, il vaut mieux multiplier et croiser les références que de s’inspirer à partir d’une seule et même œuvre.
A votre tour de faire passer le message !
Vous êtes un artiste, un enseignant, un formateur, un intervenant en atelier, vous travaillez régulièrement avec des groupes, des personnes qui cherchent à développer une technique artistique, ou à exprimer leur créativité, ayez le bon réflexe en partageant les valeurs de cet article et en diffusant ces bons gestes au plus grand nombre. C’est la cohérence entre le discours et les actes qui génère un pouvoir d’influence.
On ne le répétera jamais assez : “Les bons gestes passent par l’éducation !”
Éclairons nos consciences, et faisons circuler l’information afin que les mauvaises pratiques et les plagiats s’amenuisent avec le temps.
Plus de conseils et d’informations sur le métier d’artiste créateur sur notre compte Instagram @amylee.fr – Rejoignez-nous !
@Chancelade : Merci de votre témoignage ici !
En effet dans la photographie aussi, combien de fois voit-on des photographes se copier les poses et accessoires, effets ou même style de retouches.. Pourrait-on parler de copies? C’est à méditer.. Merci pour cet article en tout cas 😉