“La société contemporaine considère d’un mauvais œil les Jeff Koons et autres Damien Hirst qui ne cachent pas leur désir de richesse. Pourtant, des artistes ont toujours créé pour devenir prospères et reconnus“.
Aaah l’argent et les artistes, le tabou par excellence…
Sauf que si tu penses que les grands peintres d’antant étaient des êtres « purs » qui ne peignaient que pour l’art, l’amour de la créativité ou juste pour mélanger des couleurs à de l’eau fraîche?
Tu te mets le pinceau bien profond dans l’œil.
Stop aux idées reçues
Les artistes les plus célèbres étaient aussi très connectés aux réalités du marché artistique dans lequel ils évoluaient. D’ailleurs ils utilisaient de nombreuses techniques postmarketing pour mieux vendre leur art ou faire leur promotion.
- en suivant les tendances du monde de l’art.
- en travaillant des thématiques précises pour optimiser leurs ventes.
- en élaborant des stratégies pour maximiser leur promotion ou leur art.
- en transformant leur atelier en usine à création.
- en travaillant la gestion du temps et la productivité des assistants.
- en utilisant l’argent comme un instrument de mesure de leur réussite personnelle.
- en créant pour devenir prospères et reconnus.
Artistes entrepreneurs d’un autre temps
Le Greco (1541-1614)
Célèbre peintre sous la Renaissance Espagnole et aussi excellent businessman qui a su développer de multiples actions pour :
- mettre en place un atelier capable de s’adapter à la demande des clients “innovation & adaptabilité”.
- ajouter le blason du commanditaire sur l’œuvre réalisée “personnalisation du service & programme VIP”.
- dupliquer ses meilleures œuvres pour des ventes ultérieures “prévoir les besoins des clients”.
- remplir son atelier de tableaux prêts-à-vendre selon la demande locale ou du moment “Tendance du marché & stock stratégique”.
- tenir ses assistants occupés lorsque les travaux importants étaient faibles.
Albrecht Dürer (1471-1528)
Graveur et peintre célèbre, très bon communicant qui a su développer de multiples actions pour :
- lancer une véritable industrie de la gravure “made in Dürer” et cibler une réputation internationale.
- travailler l’œuvre unique et les éditions limitées (Chaque plaque de cuivre gravée permettait d’effectuer des centaines de tirages).
- déléguer beaucoup. Esquisser le projet et faire travailler d’habiles artisans pour reproduire le “style Dürer” ».
- inventer un logo, un « monogramme » D enserré dans le A. apposé sur toutes ces créations.
- travailler le slogan ou la phrase d’accroche ajoutée sur ses œuvres « Albertus Durer noricus faciebat »(Albrecht Dürer a fait ça).
- avoir du stock et faire appel à des “VRP” pour le liquider.
- communiquer sur son iconographie pour diffuser ses images, sa marque.
Pierre Paul Rubens (1577-1640)
Peintre baroque dans toute sa splendeur doté d’une grande réputation qui a su développer de multiples actions pour :
- transformer l’atelier en usine à œuvres d’art.
- rassembler une large clientèle fan de sa griffe.
- gérer son temps avec divisant les taches à des assistants.
- planifier le travail de manière précise pour plus de productivité.
- s’entourer d’experts pour la réalisation de ses tableaux : Des personnes spécialisées dans les personnages, d’autres dans les animaux, le paysage, ou encore d’autre en nature morte.
Rembrandt (1606-1669)
Géant de l’école hollandaise du XVIIe siècle, fondateur de la “stART académie”, il a su développer de multiples actions pour :
- créer une industrie de talents, une école, un style.
- travailler avec des apprentis, des copistes, des spécialistes.
- cloisonner l’atelier (par du papier ou de la toile) pour aménager un espace collaboratif moins stressant. Attention aux joies de l’open space…
Canaletto (1697-1768)
Peintre reconnu pour avoir vanter les charmes architecturaux de Venise à un public anglais, il a su développer de multiples actions pour :
- s’exporter en Europe (principalement au Royaume-Uni).
- travailler avec des courtier, des marchands d’art pour s’occuper de ses ventes.
- surfer sur les tendances qui plaisent.
- cibler son client idéal.
Gustave Courbet (1819-1877)
Peintre et sculpteur français au réalisme perturbant et surtout “agent provocateur” ! Tiens, ça me fait penser à une célèbre pub de lingerie… Courbet a su développer de multiples actions pour :
- monter un concept store entièrement consacré à ses créations durant l’exposition universelle “stratégie médiatique”.
- cibler le lieu pour profiter de l’afflux des grandes manifestations.
- marquer les esprits avec ses créations, parfois même trop pour être censuré (ex avec le tableau “l’origine du monde”).
L’histoire continue
D’autres peintres comme Magritte, Picasso, Granach, Warhol, ont aussi eu une relation étroite avec l’argent. “Même Van Gogh, l’archétype de l’artiste maudit, mort pauvre et incompris, avait pour protecteur un des plus grands marchands de tableaux de Paris, autrement dit son frère Théo.”
Si le sujet de l’artiste businessman t’intéresse, je t’invite à lire le croustillant, pertinent, inspirant ouvrage de Judith Benhamou-Huet “Les artistes ont toujours aimé l’argent” aux éditions Grasset.
Ce livre développe en 13 chapitres les idées préconçues sur des artistes qui appartiennent à la postérité (et prouve, au passage) que l’appât du gain n’est pas le privilège des années 2000.
Un voyage dans la belle et grande histoire de l’art, une aventure remplie de toutes petites histoires d’hommes devenus d’immenses artistes.
A lire et relire sans modération !