Aujourd’hui, on parle d’art abstrait avec l’artiste peintre Christophe Houllier. Je vous partage son interview, elle nous plonge littéralement dans son parcours et sa démarche artistique.
Art Abstrait | Découverte Artistique
J’aime l’art abstrait, son expression colorée, ses vibrations, et les sentiments qu’il déclenche.
J’aime aussi sa rupture avec la conception traditionnelle de l’art. Ces formes libres se décryptent avec l’inconscient.
L’art abstrait se divise en deux grandes écoles, celle de l’abstraction géométrique et celle de l’abstraction lyrique. En parlant d’abstraction lyrique, j’avais envie de vous parler du portfolio de Christophe Houllier.
J’ai rencontré Christophe au détour d’un clic grâce à ses vidéos YouTube. A travers nos échanges, j’apprends qu’il est un lecteur du blog amylee.fr. Le monde de l’art est petit et encore plus celui des artistes connectés.
Je vous recommande fortement de visionner ses vidéos. Le contenu est captivant. Christophe aborde avec simplicité ses créations, sa technique, ses questionnements sur le milieu de l’art, et bien évidemment ses aléas d’artiste. Sans fard, il montre les coulisses de son atelier.
En avril 2021, lors de l’émission animée par WeLocArt : “La mensuelle de l’art”, j’ai eu l’opportunité de rencontrer à nouveau Christophe, mais en vrai cette fois, et donc d’échanger avec lui de vive voix !
Comme l’image renvoyée dans ses vidéos, Christophe reste accessible, naturel, et plein d’humour. Je vous partage son interview dans le texte qui suit. Tout art est une manifestation qui suscite une réflexion et pousse à se réinventer. Merci Christophe d’avoir accepté notre invitation.
Christophe Houllier | Interview Artiste
Peux-tu présenter ton parcours artistique ?
Christophe Houllier – Tout d’abord, merci pour ton interview.
Ça commence par le dessin dans l’enfance, comme chez beaucoup d’artistes, où cette activité créative est une récréation pour la majorité des camarades mais prend un sens particulier pour soi et nous fait complètement vibrer.
La chance, ce sont des parents qui encouragent et acceptent les études en Art. Après le bac donc, je vais en Ecole Supérieure d’Art où j’apprends le métier de graphiste mais dans laquelle les cours d’Arts Plastiques sont une souffrance. Non pas à cause de mauvais cours mais, au contraire, c’est là que commence la vraie pratique, le vrai travail d’accouchement de soi-même.
Et je dois dire que l’accouchement a été particulièrement long car j’ai mis 20 ans à faire vraiment le saut. Entretemps, j’ai été graphiste, puis directeur artistique dans plusieurs agences pour ensuite créer mon entreprise en 2007.
Mais c’est en 2018, que commence l’aventure de l’art en m’adonnant à la peinture abstraite, une expression qui m’avait tellement sidéré 20 ans plus tôt, qu’elle a fortement contribué à ce « blocage » que j’ai tenté d’exorciser deux ou trois fois sans succès.
Parle-nous de ton portfolio et de ta démarche ?
C. H – Quand ce moment de libération dans l’expression est venu, épuisé de faire de la publicité, épuisé de créer pour satisfaire l’Avoir, j’ai voulu m’attaquer à la question de l’Être.
L’expression abstraite m’a paru la plus juste pour exprimer les questionnements que j’avais, les grandes questions, les fameuses : quelle est ma représentation du monde, qu’est-ce que dieu, que sommes-nous et pourquoi sommes-nous.
J’ai donc commencé par interroger mes croyances à travers la série des Cosmogonies et, grâce à la peinture, j’ai pu opposer à mon éducation chrétienne, qui me semblait déjà enfant une imposture, une vision plus immanente de Dieu.
Tu peux remplacer Dieu, par Univers ou Nature. Pour moi, c’est la même chose. Nous sommes ainsi chacun une singularité mais une modularité d’un ensemble bien plus grand et déterminé.
Tu le vois, la peinture pour moi est comme une recherche philosophique. Mais au lieu d’utiliser la dialectique, j’ai une toile et des pinceaux.
Enfin plutôt du papier car ce matériau a fortement influencé la suite, après la série qui a suivi, les Abîmes, expression de cette vision immanente de la Nature, est venu le collage, le déchirement, le « recollage » pour donner la série des Fragments.
Une façon de s’interroger là sur la nature humaine. J’ai « réduit » ainsi le champ d’observation, si je puis dire : qu’est-ce qui fait notre identité humaine.
Cette réflexion se poursuit depuis avec un travail où je cherche des formes qui pourraient exprimer notre particularité et, de plus en plus souvent, le questionnement s’efface pour « être en peinture », c’est-à-dire n’être plus qu’un instrument esthétique de ce que je suis au moment où je peins.
C’est de la pleine conscience active en quelque sorte, mais par le labeur car il y a une dimension artisane dans la pratique de la peinture.
« Artiste peintre de l’être » Pourquoi cette dénomination ?
C. H – Après avoir travaillé 20 ans pour le triomphe de l’Avoir (accumuler, avoir toujours plus, toujours mieux), où la publicité te dit que tu vivras mieux en ayant n’importe quel bazar, je veux m’adresser à l’Être. Mais je ne veux pas passer par un art revendicatif ou de lutte. Je préfère m’adresser à l’intime.
Je n’aime pas le style ostentatoire de certaines franges de l’art contemporain qui « critiquent » la société de consommation. Elles reproduisent la simplification du monde de la réclame et du marketing.
Quand on veut vivre de son art et que ça conduit nécessairement à vendre son travail, ce postulat ne me semble pas sérieux.
Mais attention, il y a un « bon » marketing. Par exemple, comme tu peux l’enseigner aux artistes, pour qu’ils montrent leur travail, qu’ils parlent d’eux-mêmes dans une démarche sincère, qu’ils utilisent certains outils et qu’ils cassent des inhibitions pour être vus et appréciés.
Mais notre monde n’est pas régi pas autant de bienveillance et ce sont les pensées rapides qui sont promues, c’est l’injonction qui prévaut. Nos représentants politiques y sont également convertis.
Alors quand je dis « Artiste peintre de l’être », je sais que ça peut faire « too much » mais c’est une déclaration forte face à cet ordre. C’est aussi une invitation à s’interroger sans commandement. C’est à chacun de faire le chemin dans cette recherche spirituelle.
As-tu une définition personnelle sur l’art abstrait ?
C. H – C’est directement la conséquence directe de la réflexion précédente. La peinture abstraite est une façon de se réapproprier une liberté en s’appropriant un langage « autre », débarrassé justement des représentations et des injonctions.
Elle nécessite un effort, un parcours, aussi bien pour la personne qui regarde que pour celui ou celle qui la crée.
Dans l’abstraction, il n’y a pas d’imitation de la nature mais plutôt un moyen de l’étendre à travers une singularité. La peinture abstraite est ainsi un lien entre les êtres humains, qui se constitue par la volonté. C’est une forme de l’inconnu, là où la nature humaine révèle la force de son étrangeté.
Quel a été l’élément déclencheur de tes premières vidéos ?
C. H – Quand j’ai commencé à vouloir montrer mon travail, je savais, ayant été entrepreneur auparavant, qu’il fallait le faire avec méthode et surtout en apprenant à assumer cette plongée dans l’art au regard du public.
Je regardais des vidéos d’artistes et sur l’art en général sur YouTube. C’est là que j’avais découvert par exemple Anthony avec qui tu as fait un webinaire il y a peu. Puis qu’il y avait des « coachs d’artistes » qui conseillaient de parler de son travail, de ne pas hésiter à montrer l’envers du décor.
Une fois les premières inhibitions passées, je me suis jeté à l’eau. Ça a été très dur ! Tu sais, le fameux gag du cauchemar où tu te retrouves tout nu ou en slip devant tes camarades ou un public ? Hé bien, c’était ça la sensation !
Mais je l’ai fait assez tôt après que je me sois remis à la peinture. Peut-être 3 mois après car j’avais décidé d’être artiste peintre pleinement, donc professionnel, et donc de m’adresser à un public.
A partir de cette première vidéo, je n’ai pas arrêté. Et depuis quelques mois, j’essaie de faire une vidéo par semaine.
Peux-tu t’exprimer sur le style et la récurrence en peinture ?
C. H – Répéter une forme, l’épuiser, travailler en série, ressasser est une méthode apprise en Ecole d’Art. C’est un moyen de comprendre pourquoi une forme émerge de soi, de démystifier ce qu’on a en soi mais aussi de démythifier la peinture.
On parle d’œuvres mais quand on peint, on ne fait pas des œuvres, on trouve des formes dans une recherche plus large.
La plasticité dans cette répétition fait sans doute le style. Il est surtout le résultat d’une recherche de justesse dans les formes.
J’en parle notamment dans cette vidéo :
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Parmi tes vidéos publiées, quelle est celle que tu souhaites nous partager ?
C. H – Je pense que « Vivre la peinture » peut intéresser tes lecteurs car cette vidéo parle justement du rapport à la pratique et au public et donne l’exemple d’une réflexion autour d’une œuvre très vite après l’avoir peinte.
As-tu un conseil pour la personne qui souhaite se lancer dans l’abstrait ?
C. H – Je conseillerai d’y aller malgré ses craintes. Le but au tout début n’est pas de réussir à faire une œuvre mais de « faire » tout court.
La peur, les frustrations, le syndrôme de l’imposteur, le bloubiboulga, il y en aura toujours. Parfois, on peut s’inspirer de formes vues, ou « peindre à la manière de… » mais petit à petit, avec du temps et du travail, on finira par trouver son propre langage.
Après, il s’agit de ne pas s’endormir dessus. Oui, il faut répéter, pour éprouver une forme mais on a intérêt aussi à explorer.
L’important est que ça fasse toujours sens pour soi.
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A quelle occasion as-tu découvert Amylee.fr ?
C. H – Je sais que je t’ai écouté la première fois à travers un webinaire que tu as fait avec Artxterra. Mais je crois que la toute première fois a été la découverte d’un article de blog via une recherche sur Internet. Pour Google, ça veut dire que le contenu est pertinent et utile.
Quelles sont tes actualités en 2021 ?
C. H – Exposer, enfin ! Après cette dernière année de diète due aux restrictions sanitaires, vient enfin le moment de rencontrer le public !
Cet été 2021, je participe à l’exposition Art & Chapelles 49, où 6 artistes se voit confier chacun une chapelle comme espace d’exposition dans lequel il faut créer spécifiquement pour le lieu.
Je participe en août aux Décades de la Peinture. En septembre, je devrais normalement faire une exposition solo dans la galerie 13A à Angers et fin d’année, je participe aux 111 des Arts de Paris.
Les projets : développer la chaine YouTube et j’aimerais bien aussi entamer une collaboration long terme avec une galerie d’art.
Suivre Christophe Houllier sur le web :
- Site Internet : christophehoullier.art
- Instagram : @christophehoullier.art – YouTube : christophehoullier